Votre programme de santé et de sécurité au travail (PSST) est-il adapté à l’évolution de la culture du travail ? Timothy D. Mandrell, DVM, DACLAM, et Mildred Montgomery Randolph, DVM, DACLAM, experts en animaux de laboratoire, discutent des moyens de revitaliser les programmes de SST dans notre webinaire “Votre programme de santé au travail a-t-il besoin d’un coup de fouet ?”.
Les Dr Mandrell et Randolph suggèrent que les méthodes ancestrales de compréhension de la santé au travail évoluent et que les programmes de SST des laboratoires animaliers doivent suivre le mouvement. Ils recommandent des méthodes efficaces pour rajeunir et relancer les programmes de SST obsolètes afin de relever les nouveaux défis d’aujourd’hui.
Qu’est-ce qu’un programme de santé et de sécurité au travail ?
Les programmes de santé et de sécurité au travail traitent de tous les aspects de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail. Historiquement, les programmes de santé et de sécurité au travail se concentraient sur la prévention des risques dans les environnements de travail. Leur principal objectif était de prévenir les accidents et les dommages causés aux personnes dans le cadre d’activités liées au travail. Les Dr Randolph et Mandrell soulignent que les idéaux premiers des programmes de santé et de sécurité au travail évoluent pour mieux contribuer au bien-être général des travailleurs.
Qui est responsable des programmes de santé au travail ?
Selon les Dr Randolph et Mandrell, les programmes de SST dans le domaine de la science des animaux de laboratoire relèvent de la responsabilité de l’établissement. Le dr Randolph explique que l’établissement ou l’organisation qui accueille la recherche est responsable de la protection de la santé et de la sécurité des employés qui s’occupent des animaux, les utilisent et entrent en contact avec eux.
Les PSSE des établissements doivent comprendre les éléments suivants
- Quel personnel doit être inscrit
- Les raisons pour lesquelles ils doivent être inscrits
- Une évaluation des risques avec identification des dangers
- Les règles de dispense d’inscription
- Le contrôle des expositions
- Engagement institutionnel et coordination
Qu’est-ce que l’OSHA ?
L’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) est une organisation gouvernementale américaine qui garantit des conditions de travail sûres et saines aux travailleurs en établissant et en appliquant des normes par le biais de la formation, de la sensibilisation, de l’éducation et de l’assistance. L’OSHA dispose de lignes directrices spécifiques pour la recherche biomédicale.
Il s’agit notamment de réglementations concernant les éléments suivants
- L’équipement de protection individuelle (EPI)
- La prévention de l’exposition aux maladies infectieuses
- Guides sur les produits chimiques dangereux, les médicaments et les allergènes
- La prévention du suicide
- La violence sur le lieu de travail
- Pratiques recommandées pour les programmes de sécurité et de santé
Quelles sont les principales parties prenantes des programmes de santé au travail ?
Une partie prenante est un individu, un groupe ou une organisation affecté par le résultat d’un projet ou d’une entreprise. Les parties prenantes sont intéressées par la réussite d’un projet. Elles peuvent se trouver à l’intérieur ou à l’extérieur de l’organisation qui parraine le projet. Les parties prenantes sont essentielles parce qu’elles peuvent influencer positivement ou négativement le projet par leurs décisions.
Comme le montre le diagramme, les parties prenantes des programmes de SST des laboratoires animaliers sont très nombreuses. Selon le Dr Randolph, il peut être difficile de faire entendre la voix de toutes ces parties prenantes. Mais, quelles que soient les difficultés, elle insiste sur le fait que chaque partie prenante doit être en mesure de s’unir pour qu’un programme de santé et de sécurité au travail soit couronné de succès.
Lancer votre programme de santé et de sécurité au travail
Maintenant que nous avons passé en revue les principes de base d’un programme de santé et de sécurité au travail, les personnes qui en sont responsables et les parties prenantes, voyons comment lancer un programme de santé et de sécurité au travail pour les laboratoires animaliers. Le premier conseil du Dr Randolph est de procéder étape par étape. La réorganisation et le rajeunissement de votre programme de santé et de sécurité au travail peuvent être décourageants. Mais le dr Randolph insiste sur le fait qu’il est possible de le faire et de le faire bien si l’on procède par petites étapes.
1. Les programmes de santé au travail efficaces doivent prendre en compte le contact avec les animaux
Selon la Dr Randolph, lorsque vous envisagez de rajeunir votre PSST, tenez compte des descriptions de poste et de la nature du contact avec les animaux. Par exemple, une question d’enquête courante est la suivante : l’employé travaillera-t-il avec des animaux ? Dr Randolph explique que cette question n’est pas suffisamment précise pour évaluer efficacement le risque.
Par exemple, un employé peut ne pas travailler avec des animaux, mais il peut y être exposé. Cette distinction est essentielle. En fin de compte, même si une personne donnée dans l’installation de recherche ne manipule pas les animaux, il peut y avoir une exposition significative aux animaux. Le PSST doit donc protéger tous les niveaux d’exposition.
Voici quelques exemples de fonctions qui ne travaillent pas directement avec les animaux, mais qui sont néanmoins susceptibles d’y être exposées :
- Service support aux laboratoires animaliers, tel que la sécurité ou l’entretien
- Les membres et le personnel de soutien de l’IACUC (Institutional Animal Care and Use)
- Scientifiques invités, visiteurs de sites, formateurs et représentants commerciaux
2. Des questionnaires d’évaluation des risques actualisés et réfléchis sont essentiels pour les PSSE
Selon la Dr Randolph, le personnel des laboratoires animaliers doit, à un moment ou à un autre, répondre à des questions sur les risques et l’exposition potentiels. Les professionnels expérimentés dans le domaine des animaux de laboratoire devraient être en mesure de répondre à ces questionnaires avec confiance et précision. Toutefois, Dr Randolph souligne que les nouveaux professionnels des animaux de laboratoire ont besoin d’aide pour remplir les questionnaires d’évaluation des risques.
Dr Randolph suggère que les nouveaux membres de l’équipe soient guidés par un superviseur ou une personne qui connaît bien les différentes composantes de l’environnement de travail. En outre, Dr Randolph encourage les institutions à organiser périodiquement des questionnaires d’évaluation des risques, car les réponses des personnes peuvent changer en fonction de leur niveau d’expérience.\
Les questionnaires d’évaluation des risques devraient couvrir les points suivants :
- La nature et l’ampleur de l’exposition aux animaux
- Le poste, les fonctions et le rôle dans la recherche ou l’affiliation institutionnelle
- L’environnement du lieu de travail
- Les espèces animales
- Les dangers et niveaux connus
- Les EPI
- Les types d’exposition possibles
3. Les programmes de santé au travail devraient aborder la question de l’allergie aux animaux de laboratoire
L’allergie aux animaux de laboratoire (AAL) est une maladie professionnelle affectant le personnel qui travaille avec ou à proximité d’animaux de laboratoire. Plus précisément, il s’agit d’une réponse immunitaire aux allergènes animaux présents dans l’urine, la salive et le sérum des animaux de laboratoire. Selon les Dr Mandrell et Randolph, l’AAL est la conséquence sanitaire la plus courante et la plus préoccupante lorsque l’on travaille avec des animaux de laboratoire. Les principaux symptômes sont les suivants :
- Éruptions cutanées dues au contact de l’animal avec la peau
- Congestion nasale et éternuements
- Démangeaisons oculaires
- Asthme (toux, respiration sifflante et oppression thoracique)
Les symptômes de l’AAL peuvent sembler bénins à première vue, mais l’AAL peut mettre la vie en danger. Les Dr Mandrell et Randolph insistent sur le fait qu’il est de la responsabilité de l’institution de donner aux employés l’accès aux informations sur les AAL.
4. Les programmes de santé au travail doivent être cohérents
Le suivi et la cohérence sont primordiaux pour un PSST sûr, explique Dr Randolph. Elle insiste sur le fait que “du chancelier au concierge”, la surveillance de la santé et de la sécurité doit être cohérente. En d’autres termes, personne n’est dispensé de suivre les protocoles et les règles du PSST.
Quels que soient le rang, le titre, l’expérience ou les qualifications d’un employé, il n’y a pas de passe-droit. L’application des règles doit être cohérente dans tous les domaines pour garantir une santé et une sécurité efficaces dans les laboratoires animaliers.
5. Votre programme de santé au travail doit tenir compte des enseignements tirés de la pandémie de COVID-19
Les Dr Randolph et Mandrell encouragent à repenser et à revigorer les programmes de santé et de sécurité au travail en 2023 en raison de l’évolution de la croissance et des changements sur le lieu de travail dus à la pandémie de COVID-19. La pandémie de COVID-19 a modifié le travail de chacun d’une manière ou d’une autre au cours des dernières années. Le secteur des sciences des animaux de laboratoire ne fait pas exception à la règle. Les Dr Mandrell et Randolph vous invitent à vous poser la question suivante : Quel a été l’impact de la pandémie sur votre programme ? Quels ajustements seront utiles à l’avenir ? Ils recommandent de tenir compte de ces changements dans la réorganisation de votre PSST.
Dr Mandrell souligne un problème qui semble lié à la pandémie, à savoir le manque de personnel sur le lieu de travail d’aujourd’hui. La plupart des établissements fonctionnent avec des équipes réduites. Quelles en sont les conséquences ? Parfois, cela signifie plus de multitâches, des tâches multiples pour un seul rôle et une plus grande complexité des tâches pour une seule personne. Les Dr Mandrell et Randolph estiment qu’il est impératif de prendre en compte ce type de défi lorsqu’il s’agit d’améliorer la santé et la sécurité sur le lieu de travail.
6. Votre PSST est-il pertinent pour la nouvelle génération de travailleurs ?
Saviez-vous que d’ici 2025, les milléniaux représenteront 75 % de la main-d’œuvre aux États-Unis ? Avec les nouvelles générations qui dominent la main-d’œuvre, il est tout à fait naturel qu’il y ait de nouvelles façons de comprendre la santé et la sécurité au travail. En outre, Dr Mandrell affirme que la main-d’œuvre d’aujourd’hui voit le monde du travail différemment, en particulier dans cette ère post-COVID. Les PSST actuels doivent répondre à l’évolution des attentes des nouvelles générations en matière de santé et de sécurité. Quelles sont donc les attentes de cette main-d’œuvre plus jeune ? Quelles sont les tendances contemporaines et actuelles pour des PSST efficaces ?
Quelles sont les tendances actuelles en matière de programmes de SST ? Dr Randolph souligne que les milléniaux attendent davantage de leurs employeurs que les baby-boomers ne l’auraient fait. Voici quelques-unes des choses que les milléniaux recherchent :
- Des avantages non salariaux complets, tels que des programmes de bien-être holistiques
- Des dirigeants qui favorisent l’engagement, la performance et le bien-être
- Des formations et des possibilités d’évolution et de développement individuels
Dr Randolph explique que les institutions qui offrent ces incitations, et qui les considèrent comme faisant partie de la santé et de la sécurité au travail, recrutent plus facilement du personnel talentueux.
7. Votre programme de santé au travail comprend-il un plan de bien-être ?
Tout d’abord, définissons ce qu’est le bien-être au travail. Il s’agit d’équilibrer les responsabilités professionnelles et la vie privée de manière à donner la priorité à la santé physique et mentale. Dr Randolph explique que les milléniaux s’attendent à ce que les programmes de SST comprennent un programme de bien-être, et pas seulement de prévention des risques. En d’autres termes, la nouvelle main-d’œuvre exige un environnement de travail qui donne la priorité au bien-être. Il existe d’ailleurs des preuves des avantages de ces nouvelles exigences.
Les programmes de santé et de bien-être sont associés à des taux de satisfaction des employés plus élevés, à une diminution du stress, à une amélioration de la santé, à une plus grande productivité, à un meilleur recrutement et à une meilleure fidélisation. Selon la Dr Randolph, offrir des programmes de bien-être aux employés est un moyen fondamental d’attirer et de retenir les employés les plus talentueux. Et il se pourrait que ce soit le statu quo tôt ou tard.
8. Les programmes contemporains de SST devraient inclure des stratégies d’atténuation des risques psychosociaux
Selon la Dr Randolph, les meilleurs programmes de SST contemporains prennent en compte les risques psychosociaux. Voici quelques menaces psychosociales courantes sur le lieu de travail.
Dr Randolph explique comment elle a combattu les risques psychosociaux pendant les années où elle travaillait dans le domaine de la médecine des animaux de laboratoire. Elle s’arrangeait souvent pour que le chercheur s’adresse au personnel au début d’un projet afin d’expliquer l’objectif du programme de recherche. En apprenant la nature du programme de recherche, son équipe d’élevage se rendait compte de l’importance de son travail. En leur apportant cette connaissance, elle a contribué à leur satisfaction générale au travail. La mise en œuvre de stratégies de ce type dans le cadre de votre PSST peut avoir un impact profond sur la recherche sur les animaux de laboratoire.
Vers l’avenir des programmes de santé et de sécurité au travail
Les Dr Mandrell et Randolph nous livrent quelques réflexions sur l’avenir des programmes de santé et de sécurité au travail. Ils estiment que l’amélioration de la santé et de la sécurité sur le lieu de travail passe par l’encouragement de la santé et du bien-être au niveau individuel et par l’amélioration de l’environnement de travail. À mesure que ce passage à une approche holistique se généralise, les Dr Mandrell et Randolph se réjouissent d’assister à la transformation des programmes de santé et de sécurité au travail dans le domaine de la science des animaux de laboratoire.