Dans notre webinaire, “Quel type d’eau nos animaux de recherche devraient-ils boire, et pourquoi ?”, Robert C. Dysko, DVM, DACLAM explique comment les chercheurs peuvent améliorer la reproductibilité, le bien-être général des animaux et les résultats de la recherche en fournissant une meilleure eau potable aux animaux de laboratoire. Il est essentiel de reconnaître qu’il n’existe aucune norme pour réglementer le type d’eau potable que boivent les animaux de recherche. Le Dr Dysko estime qu’il faut davantage de directives concernant l’eau de boisson des animaux de laboratoire.
Le “Guide pour le soin et l’utilisation des animaux de laboratoire” précise que les animaux doivent pouvoir accéder à de l’eau potable et exempte de contaminants. Toutefois, la portée de cette directive est quelque peu limitée. Par conséquent, de nombreux programmes de recherche choisissent de fournir aux animaux de l’eau qui répond aux normes de sécurité établies par les autorités locales. Il est important de noter que l’eau que boivent les animaux n’est pas totalement stérile. Le Dr Dysko souligne la nécessité pour la communauté scientifique des animaux de laboratoire d’améliorer la qualité de l’eau potable fournie aux animaux de laboratoire.
Le parcours de l’eau de boisson de vos animaux de laboratoire
Le Dr Dysko suggère que l’eau de boisson des animaux de recherche est potentiellement une variable importante dans les résultats de la recherche. Il est donc essentiel de leur fournir une eau de boisson de qualité pour obtenir des résultats précis et efficaces. C’est pourquoi il est si important d’étudier le parcours de l’eau de boisson de vos animaux de laboratoire. Comment procéder ? Tout d’abord, il convient d’examiner la source d’eau potable de votre installation.
La source de l’eau potable de vos animaux de laboratoire
Pour commencer à examiner l’origine de l’eau de votre centre de recherche, le Dr Dysko recommande de se poser ces trois questions pertinentes sur l’eau de votre centre :
- Quels sont les traitements municipaux qui la préparent à la consommation humaine ?
- Quels sont les traitements standard, s’il y en a, qu’ils n’appliquent pas ?
- Certains de vos animaux sont-ils alimentés par un puits ?
Par exemple, certaines municipalités traitent l’eau avec du fluor, d’autres non. Savez-vous si l’eau de votre établissement contient du fluor ? Le Dr Dysko explique comment la connaissance de ces variables peut être essentielle à un programme de recherche approfondi.
Si l’eau de votre établissement ne provient pas de la municipalité locale, elle peut provenir d’un puits. Le Dr Dysko explique qu’il est primordial de tester l’eau de puits, car elle peut être exemptée des normes applicables à l’eau municipale. Il souligne également qu’à l’Unit for Laboratory Animal Medicine (ULAM) de l’université du Michigan, l’eau de puits est analysée tous les trois ans pour détecter la présence de nitrates et de coliformes totaux (un type de bactérie).
L’étape suivante consiste à identifier ce qu’il advient de l’eau une fois qu’elle provient de la source. Le Dr Dysko demande s’il existe un système de modification de l’eau à l’échelle du campus ou si la modification a lieu dans chaque bâtiment ou dans chaque vivarium. Par exemple, s’il y a plusieurs vivariums sur le campus dans différents bâtiments, l’eau peut être traitée différemment dans chacun d’entre eux.
Options pour normaliser l’eau de boisson des animaux de laboratoire dans votre établissement
Pour affiner et normaliser l’eau de boisson des animaux de laboratoire, vous pouvez traiter l’eau dans votre installation. Vous trouverez ci-dessous quelques options pour désinfecter l’eau de boisson afin de la rendre plus sûre et plus pure.
- Filtration
- Osmose inverse (RO) et osmose inverse/désionisation (RODI)
- Irradiation UV
- Acidification
- Hyperchloration
La filtration et la microfiltration sont essentielles pour une eau potable plus sûre
La filtration de base de la plupart des systèmes d’abreuvement automatisés est de 5,0 µm, ce qui permet d’éliminer les grosses particules. Toutefois, pour éliminer les substances plus petites et les micro-organismes, tels que le Cryptosporidium (un protozoaire que l’on trouve parfois dans l’eau potable), la filtration standard ne suffit pas. C’est là qu’intervient la microfiltration. La microfiltration descend jusqu’à 1,0µm-0,2µm, ce qui élimine les protozoaires et la plupart des bactéries, mais pas les virus. Le diamètre des bactéries est généralement compris entre 0,2µm et 2,0µm.
Eau obtenue par osmose inversée (RO) et osmose inversée/désionisation (RODI) pour l’eau de boisson des animaux de laboratoire
Le Dr Dysko explique que l’irradiation UV est une méthode efficace pour désinfecter l’eau potable. Cependant, elle nécessite un contrôle précis. Pour qu’elle fonctionne et tue efficacement les bactéries, il faut que la longueur d’onde de la lumière (250-280 nm) et le temps d’exposition soient appropriés. En outre, l’eau ne doit pas être turbide ou trouble. La fenêtre doit rester claire et l’ampoule doit être exempte de poussière et de pellicule. Enfin, elle n’élimine pas les organismes morts ou d’autres composés de l’eau. Ainsi, comme le souligne le Dr Dysko, l’irradiation UV est un complément fantastique, mais elle doit être associée à d’autres méthodes de purification de l’eau.
L’acidification pour désinfecter l’eau de boisson des animaux de laboratoire
Selon le Dr Dysko, certaines institutions préfèrent acidifier l’eau pour disposer d’un moyen de désinfection résiduelle. Comment procéder ? En général, on ajoute de l’acide chlorhydrique (HCl) ou un autre acide dans l’eau. Le pH cible est compris entre 2,5 et 3,0. Tout pH inférieur peut être dangereux pour les animaux. De même, un pH inférieur peut dégrader la tuyauterie et les raccords d’eau.
L’hyperchloration est efficace pour désinfecter l’eau
Certaines institutions préfèrent hyperchlorer l’eau pour obtenir une désinfection résiduelle. Certaines eaux municipales contiennent déjà des niveaux sûrs de chlore pour désinfecter l’eau. Si l’on ajoute du chlore, l’eau est hyperchlorée. La teneur en chlore doit être inférieure à 10 ppm. Il arrive que le chlore soit éliminé par des traitements (tels que l’osmose inversée) et qu’il faille alors le rajouter.
L’eau potable comme variable potentielle
Le Dr Dysko insiste sur le fait que l’eau potable est une variable possible. Et même si elle n’est pas la variable la plus importante, elle peut être un facteur. Vous devez donc être attentif à l’eau de boisson de vos animaux, à ses limites et à toute différence significative entre les installations. Il recommande également de s’efforcer d’être le plus cohérent possible.
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